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Édition février 2024

Crédit : POLICE ARVADA COLORADO

CHRONIQUE

100% PASSIONNÉE

La gale sarcoptique:

une maladie méconnue

Texte et photos
Marylin Soucy

Dans les derniers temps, j’ai constaté sur les réseaux sociaux qu’il y a beaucoup de gens qui ne savent pas quoi faire lorsqu’ils rencontrent ce genre de problématique. Je parle ici de cas de gale sarcoptique qui se retrouvent souvent sur les coyotes. Avec la popularité des médias sociaux, tel Facebook et Instagram, on voit plus fréquemment des cas passer et je trouve dommage que les gens ne connaissent pas la procédure et les précautions à prendre. On en voit et on en entend de tous les genres.

Commençons par le début! la gale sarcoptique c’est quoi ça ? C’est une maladie qui est causée par la présence de certains types d’acariens qui sont des parasites. La gale sarcoptique est l’un des types de gale les plus courants. C’est hautement contagieux pour les animaux sauvages, domestiques et même les humains. Il y a plusieurs souches différentes de la maladie et chaque individu peut réagir différemment. Le parasite creuse dans la peau de l’animal et y pond des œufs et le cycle continue, ainsi de suite. Plus la maladie évoluera, et plus l’animal se retrouvera parfois complètement la peau à vif en raison des démangeaisons et à l’inflammation qui seront présentes. L’animal se gratte et peut avoir certaines plaques qui apparaissent. On voit souvent des lésions au niveau des oreilles, des pattes et du ventre mais parfois lorsque c’est au début de l’infection, il y a très peu de signes. C’est pourquoi, il faut prendre toute nos précautions lorsqu’on manipule des animaux sauvages qui peuvent être porteurs de maladie. Il n’y a pas seulement les coyotes qui peuvent être atteints mais bien presque tous les animaux à fourrure (chien, coyote, renard, écureuil, raton, ours, loup et j’en passe). La contagion peut se faire par le toucher, mais aussi si les individus ont partagé le même environnement (lieu de couche, etc.).

Dans les dernières décennies, la baisse du prix des fourrures et le changement de mode de vie ont apporté une diminution du nombre de trappeurs. Comme on le sait tous, le trappage est une activité de prélèvement qui contribue à la gestion des populations mais aussi au contrôle des maladies dans une population. Les animaux atteints de la gale seront plus susceptibles de se prendre dans l’une de vos installations car ils deviennent parfois moins vigilants et plus désespérés. Tout dépendant de la région et de l’implication des trappeurs, nous avons constaté une augmentation au niveau de la déclaration de cas de gale. Est-ce que c’est parce qu’il y en a plus? Est-ce que les gens sont plus conscientisés, donc les déclarent plus? Est-ce que le changement de mentalité fait que les gens ont plus à cœur la santé des populations? Bref c’est un peu pour toutes ces raisons. C’est depuis tout récemment qu’il y a un contrôle un peu plus assidu de ce côté. En effet anciennement il n’y avait pas vraiment de recensement ou d’études sur le sujet. Il y avait certainement aussi des cas, mais impossible de savoir s’il y avait vraiment une augmentation. De plus en plus, les associations de trappeurs tentent de conscientiser leurs membres en les incitant à déclarer les cas de gale qu’ils auraient piégés.

Pour ma part, dans Chaudière-Appalaches j’attrape au moins un coyote par saison atteint de cette maladie. Le plus important, si cela vous arrive, c’est de ne pas y toucher à main nue et ne pas laisser aucun animal être en contact avec la bête, car celle-ci est hautement contagieuse. Je traine toujours une corde et des gants dans mon sac à dos car on ne sait jamais sur quoi on pourrait tomber.

Coyote atteint de la gale sarcoptique capturé par l’auteure dans la région de Chaudière-Appalaches.

Même si la gale n’est pas à prendre à la légère, il ne faut pas oublier qu’il y a aussi d’autres problématiques à surveiller. En effet, il n’est pas plus plaisant de rapporter des puces à la maison. Il y a aussi d’autres maladies qui peuvent être contagieuses (exemple : l’ascaris, qui est un ver qui vit dans l’animal; voir photo ci-dessous). Donc TOUJOURS prendre nos précautions. Les gants sont la base. Ils vont nous éviter le contact avec les lésions qu’ils peuvent avoir et sinon ils protègent aussi contre les excréments, sang etc., qui pourraient se retrouver sur vos mains lors du dépiautage. Lorsque vous attrapez une bête malade, qu’elle soit morte ou non, il est important de disposer de la carcasse de manière intelligente. Il ne faut pas laisser la carcasse sur place pour éviter que d’autres animaux y aient accès. En fait idéalement il vous faudra brûler la carcasse. C’est, selon toutes les études, le meilleur et presque seul moyen d’éradiquer la source de l’infection. Bien sûr,  on ne fait pas ça n’importe où! On peut demander la permission d’un cultivateur ou bien dans un endroit à l’écart des passants. J’ai vu tout récemment des commentaires revenir du style «faut pas virer fou avec ça» ou bien encore «jette ça dans un fossé, il n’est plus contagieux après un certain temps». En fait, la plupart de ces commentaires sont faux et très mal avisés. Je veux par cet article conscientiser les gens sur les précautions à prendre et sur l’importance de notre rôle de trappeur ou chasseur. C’est bien plaisant comme sport mais il vient avec des responsabilités et c’est à vous d’empêcher que le cercle de contamination continue.

L’ascaris est un ver qui vit dans l’animal et qui peut se transmettre aux autres animaux.

Parfois, on ne constate pas toujours tout de suite qu’ils sont atteints et c’est lors du dépiautage qu’on s’en rend compte. Si vous aviez des gants, théoriquement vous n’êtes pas 100% protégés, mais ça vous donne de bonnes chances. En cas de contamination, il n’y a pas de traitement nécessaire chez l’humain. Vous risquez d’avoir des rougeurs et démangeaisons qui s’estomperont d’elles-mêmes après quelques jours/semaines. Dans le cas des animaux de compagnie certains peuvent subir plus de conséquences que d’autres selon leur état général, mais ils devront être traités avec des antiparasitaires auprès d’un vétérinaire. Il est d’ailleurs important, lorsque vous allez consulter, de signaler que votre animal peut avoir été en contact avec un cas de gale sarcoptique. Parfois d’autres chiens ou chats sont victimes aussi et donc cette information pourra aider les vétérinaires à diagnostiquer d’autres cas que celui de votre animal. La recommandation de ne pas laisser d’animaux errer s’applique encore plus dans des secteurs qui ont eu beaucoup de cas de répertoriés.

Il est important d’agir correctement. Informez-vous auprès de votre association régionale et chaque recensement de cas aide les scientifiques et techniciens qui travaillent sur le sujet. 

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